avril 22, 2022

Moi entrepreneure, si j’étais Présidente…

Le 24 avril prochain, un nouveau mandat présidentiel verra le jour. L’occasion de renouveler nos vœux pour les 5 prochaines années. N’est-ce pas l’occasion idéale pour les entrepreneures du Grand Est d’exposer leurs propositions ? 

Quand on décortique les programmes des candidats à la Présidentielle, autant dire que les mesures en faveur de l’entrepreneuriat se fond rare. Certains parlent vaguement d’une baisse des charges pour les indépendants, quand d’autres parlent de diminuer l’impôt pour les petites entreprises. Oui mais dans les faits, il n’y a rien de concrets.

Et c’est bien dommage ! Surtout quand on sait que pour les économistes, l’entrepreneuriat est un levier de la croissance et de l’emploi. 65% des français souhaiteraient même que davantage d’hommes politiques face parties de cette catégorie socio-professionnelle.

Pourquoi ? “Les entrepreneurs sont généralement résilients. Ils ont l’habitude de faire face à des situations difficiles et de chercher des solutions concrêtes pour s’en sortir. Ils ont un vrai rapport avec l’économie quotidienne. Ils sont en contact direct avec la société civile”, explique Gérard Desmaison, Coordinateur de l’Observatoire du Rebond. Un moyen de ramener les pieds sur terre aux politiques, trop souvent accusés de vivre en vase clos et éloignés de la réalité du terrain.

https://entreelleswebzine.fr/clitosplainer-presidentiels-ou-en-est-on-de-l-egalite/

Et si les entrepreneurs du Grand Est donnaient des idées d’axes aux candidats à la Présidentielle, ça donnerait quoi ?

1 – Pour les entrepreneurs, il faut redéfinir le statut de l’industrie

Le Grand Est est l’une des zones les plus industrialisées de France. Autant dire que les structures ne manquent pas. Mais quand on parle de réindustrialisation, certains entrepreneurs ont parfois du mal a développer leur concept. “Réindustrialiser la France devrait passer par des industries jeunes et a solutions pour la transition. Et non délocaliser de vieilles industries, souvent polluantes. C’est certes moins vecteur de revenus mais, c’est vecteur d’emplois”, précise Gilles Chantelot, co-fondateur de INMAN, une start-up créée autour des économies d’eau du côté de Strasbourg.

D’ou vient alors la problématique ?… D’une législation française très lente. “En France, ça fait 2 ans qu’on essaye de développer notre technologie. En Allemagne, en 6 mois c’était autorisé. Pareil pour la Tunisie”, affirme Sébastien Maréchal, co-fondateur de H2OPE une solution pour dépolluer les cours d’eau, située près de Strasbourg. Pour tenter d’accélérer le processus législatif, une demande de dérogation a été mise en place. Mais là encore, ce n’est pas le seul blocage. 

2 – Améliorer l’accès aux financements

Quand ce n’est pas la règlementation qui bloque, ce sont les financements qui sont rendus difficiles. “Quand on est une start up, on ne sait pas trop où se placer. On a donc du mal à se financer. Les investisseurs sont souvent frileux alors même qu’on a un développement solide et un bilan financier stable. Nous recherchons souvent un investissement sur le moyen ou le long terme, quand aujourd’hui, les investisseurs pensent a court terme”, témoigne Gilles Chantelot, co-fondateur de INMAN.

Pour Anna Ginzburg, étudiante entrepreneure, la problématique de financement est venue avant même la création de son entreprise ”On doit développer un prototype pour tester la viabilité de notre projet. Sauf que les investisseurs nous demandent d’avoir déjà l’entreprise. C’est le chat qui se mord la queue. Ça serait bien de faciliter ces démarches pour l’innovation”.

Le financement est donc toujours la problématique majeure des entrepreneurs. Pourtant, de nombreuses aides existent pour les créateurs de moins de 30 ans. Surtout dans le Grand Est. Passe cette tranche d’âge, malheureusement, elles se font de plus en plus rare.

Un frein réel, quand on sait que la moyenne d’âge pour les créateurs d’entreprise est de 37 ans (selon l’Insee). Alors pour la majorité des entrepreneurs, différentes options de financement sont envisageables comme les prêts bancaires, les prêts d’honneurs, les chèques à la créations, les levées de fonds, etc… Mais a regarder les statistiques, les freins sont nombreux. Les femmes auront, par exemple, davantage de difficultés à débloquer des fonds. 

3 – Faciliter les démarches pour les entrepreneurs

Comptabilité, impôts, charges sociales… L’administratif peut vite devenir un casse tête pour les entrepreneurs. «Quand on monte un projet d’entreprise, on n’a pas forcément les bases de la gestion. Au début, on doit tout créer. Il faut surtout n’oublier aucun papier sinon, on peut avoir de grosses amendes. Et pour cela, on ne sait pas toujours à qui s’adresser », révèle Emilie Lorette, Coach de vie et coach professionnel à Terville.

Aussi, la micro-entreprise a été créée pour faciliter les démarches administratives. Pourtant, c’est loin d’être le statut le plus répandu. Pour la majorité des entrepreneurs, les démarches administratives restent longues et complexes. 

4 Ramener l’entreprise à l’école

C’est l’une des mesures qui revient le plus souvent chez les femmes entrepreneures du Grand Est. “J’aime l’idée de renforcer l’apprentissage. À mon sens, ça devrait être obligatoire. Ça confronte directement les élèves aux réalités de l’entreprise”, analyse Céline Aubry, entrepreneure dans l’agencement, à Reims.
Émilie Lorette souhaiterait même un enseignement des aspects de l’entreprise en classe. “On peut, par exemple, enseigner un peu de comptabilité, de management d’économie. Rendre l’école davantage concrête”.

Un enseignement théorique qui pourrait être complété par de la pratique, pour Christelle Robin, Entrepreneure à Morsbach. “Aujourd’hui, on est face à des élèves qui sont un peu déconnectés de la réalité. Il faut leur faire rencontrer des entrepreneures dès le collège et le lycée, au moment où il commencent à déterminer leur choix de carrière”. 

Un dispositif déjà mis en place aux États-Unis avec le P-Tech qui accompagne les élèves de la seconde professionnelle a travers un mentorat et des stages. Chez nos voisins transfrontaliers, certains cursus généraux, comme l’équivalent ES, inclus des visites en entreprise et/ou des projets de mise en pratique au sein des lycées et des Universités. C’est le cas du lycée franco-allemand de Saarbruck qui a mis en place un projet de création d’une entreprise scolaire gérée intégralement par les terminales. 

Pour les français, les entrepreneurs seraient les meilleurs témoins de la réalité. Ils sont 65% à souhaiter voir davantage d’entrepreneurs entrer dans la sphère politique, selon une étude menée par l’institut Odoxa. Les candidats auraient donc tout à gagner à écouter les propositions de ceux qui vivent l’économie au quotidien. 

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