La coopération transfrontalière ça vous dit quelque chose ? C’est un pacte signé entre le Grand Est et nos voisins. On y retrouve une stratégie économique et commerciale collaborative. Et si on en profitait pour jeter un œil sur l’entrepreneuriat allemand ?
Il est 9h au lycée Franco-Allemand de Sarrebruck. Les élèves de Première, équivalent ES, ont un cours un peu spécial. Christelle Robin, entrepreneure à Morsbach est venue leur rendre visite par le biais de l’association 100 000 entrepeneurs. Pendant 2 heures, elle parle de son parcours et de son quotidien d’entrepreneure. Elle leur confie ses forces, ses erreurs tout en énumérant quelques embûches qu’elle a pu rencontrer.
En face d’elle, une vingtaine de jeunes âgés de 16 à 18 ans l’écoutent avec attention. Les doigts se lèvent régulièrement. “Pourquoi avoir choisi l’entrepreneuriat ?”, lui demande un jeune homme frêle. Des questions classiques qui deviennent de plus en plus pointilleuses. “Vous pensez que ça aurait été plus dur de faire ce que vous avez réussi avec des enfants ?”, lance une jeune fille aux cheveux blonds. Une autre de renchérir : “J’ai écouté un podcast qui disait que l’entrepreneuriat ça n’était pas pour tout le monde. Qu’en pensez-vous ?”.
À chaque question, Christelle répond avec enthousiasme. Des réponses qui démontent les clichés : “Si vous le voulez, vous pouvez tous y arriver. Maintenant, ça demande de beaucoup travailler. Une entreprise, ça ne se construit pas comme ça, du jour au lendemain. Il y a des jours plus durs que d’autres. Mais, je suis opti-réaliste. Je préfère prendre le positif et trouver des solutions plutôt que de rester sur le négatif”.
Si les élèves sont aussi impliqués, c’est parce qu’en Allemagne, l’entrepreneuriat fait partie de leur cursus scolaire.
L’apprentissage par l’immersion ou l’éducation à l’allemande
Dans la classe, une poignée d’élèves a été sélectionnée pour monter un projet d’entreprise. “Il y a deux gérants, un trésorier et divers autres postes. Leur idée est de créer des produits à l’effigie du lycée franco-allemand et de les vendre aux élèves et au corps enseignants”, explique Corinne Becker, professeur de l’équivalent français des sciences économiques et sociales. C’est elle qui a proposé cette entreprise-école, comme 1ère expérimentation.
Grâce à ce procédé, les élèves apprennent les principes de base d’une entreprise et développent une stratégie de communication. Ainsi, une vente de crêpes a été organisée et leur a permis de récolter 300€. Un capital de départ pour leur entreprise. Si le projet se développe correctement, Corinne Becker envisage de l’installer de manière pérenne.
En plus de ce projet, elle propose des rencontres au cours de l’année scolaire entre ses élèves et le monde professionnel. D’un côté, elle invite régulièrement des chefs d’entreprises pour venir témoigner de leur parcours. Et de l’autre, elle organise des visites avec sa classe au sein de différentes entreprises. Un enseignement par la pratique qui porte ses fruits. “Ça leur permet de se confronter à la réalité du monde de l’entreprise, au moment où ils commencent à faire leur choix d’orientation. Ils se rendent compte de la réalité et peuvent faire des choix plus éclairés”. Un enseignement entrepreneurial ancré dans la politique Allemande.
Incubation, investissement et croissance, la recette de l’entrepreneuriat
Et si on mettait un incubateur dans chaque université ? C’est l’idée de nos amis d’Outre-Rhin pour développer l’entrepreneuriat allemand, avec différents modèles basés sur l’incubation, l’investissement et la croissance. Résultat : la Deutsche Tech s’est développée partout dans le pays, avec des spécialisations qui varient en fonction des Länders.
On aura par exemple, de la Fintech sur Francfort, de l’Insurtech du côté de Munich ou encore du retail sur Dusseldorf. Un développement rendu possible grâce à la gestion indépendante de chaque Länders. Un Capitalisme Rhénan basé sur la coordination entre l’Etat, les entreprises, les banques et les Syndicats. Ici, l’esprit de communauté est au cœur du système économique. Un point qui diffère de la French Tech, davantage tournée sur la centralisation.
En ce qui concerne l’accompagnement, l’investissement est assez égal. Il existe deux modèles : l’un basé sur la visibilité, le conseil et l’autre, sur la mise en relation. La France a cependant entamé une course de fond en multipliant ses investissements depuis 2018, passant à plus de 5,4 milliards investit dans son écosystème de start-ups.
Si l’Allemagne a un train d’avance en ce qui concerne la promotion de l’entrepreneuriat, la France aurait tout de même une leçon à donner. La part de l’entrepreneuriat féminin n’est que de 15,7% en Allemagne contre 43% en France. Un écart qui s’explique par les investissements de plus en plus important de l’hexagone, en faveur de l’entrepreneuriat au féminin.
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