L’actrice espagnole Verónica Forqué, qui avait fêté ses 66 ans douze jours auparavant, a décidé le 13 décembre dernier de mettre fin à ses jours à son domicile madrilène. Une disparition aussi soudaine que choquante pour un pays qui l’adorait et ne cachait pas son admiration. Verónica, une femme autant capable de surmonter les épreuves de la vie que de provoquer le rire à l’écran.
Vérónica Forqué : fille et mère d’artistes
Pour Verónica Forqué, les épreuves furent synonymes de drames personnels. D’abord il y eut le décès en 2018 de sa mère, l’écrivaine Carmen Vázquez Vigo, intervenant quatre ans après celui de son frère, le réalisateur Álvaro Forqué. La même année, l’actrice décidait de se séparer de Manuel Iborra, réalisateur lui aussi, après plus de 30 ans de vie commune.
Petite-fille du musicien José Vázquez Vigo, Verónica Forqué était aussi la fille de José María Forqué. Un metteur en scène et producteur disparu en 1995, dont le nom demeure lié aux prix éponymes. Un trophée créé en son honneur et organisé par l’Egeda (Entité de gestion des droits des producteurs audiovisuels), dont la dernière cérémonie a eu lieu le… 11 décembre dernier.
Tomber sept fois, se relever huit*
Pour surmonter les nombreux obstacles tracés par son destin, Verónica Forqué s’était rendue à plusieurs reprises en Inde. Afin de rencontrer la sagesse et la spiritualité auxquelles elle aspirait, loin des caméras. Un peu à la manière de Julia Roberts dans le long-métrage « Mange, Prie, Aime ».
Il faut dire que l’actrice, fidèle à elle-même, a toujours été honnête avec son entourage… Et avec le public, révélant par exemple avoir souffert de dépression.
Il y a quelques semaines, elle avait surpris tout le monde en remettant son tablier, alors qu’elle participait à une célèbre émission de cuisine. Pour expliquer son geste, Verónica Forqué avait simplement admis qu’elle «n’en pouvait plus».
Une carrière sur cinq décennies récompensée par quatre Goya
Un aveu qui prouvait de nouveau sa force de caractère et sa dignité. Le tout distillé avec le sourire, comme pour rappeler que c’est bien par ce biais qu’elle s’en sortait le mieux. Le plus souvent sur grand écran. Surtout au cours des années 80, une décennie après ses débuts.
Une période faste, au cours de laquelle Verónica obtiendra trois de ses quatre Goya – l’équivalent des César en Espagne- , dont deux pour la seule année 1988. Un exploit que seule sa consoeur Emma Suárez parviendra à reproduire en 2017.
En 1994, Verónica recevra sa quatrième statuette pour le rôle de «Kika », dans le film éponyme réalisé par Pedro Almodóvar. Elle devienait ainsi, l’actrice la plus titrée avec Carmen Maura. Dix ans auparavant, c’est justement Almodóvar qui les réunissait dans «Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?». Maura y interprétant le personnage de Gloria, et Forqué jouant Cristal.
Un prénom prédestiné pour cette actrice charismatique mais trop polie pour ne pas rompre. Qui aura connu la douleur et la gloire. Et qui, en femme forte, aura choisi son destin. Jusqu’au bout. En inspirant des générations de femmes, à l’instar de sa fille María Forqué, artiste à la sensibilité exacerbée. Les chiens ne font pas les chats…
* titre tiré d’un livre évoquant la dépression du journaliste et réalisateur de cinéma français Philippe Labro