Elle a beau avoir été avocate, politicienne et écrivaine, Clara Campoamor reste surtout reconnue, presque 50 ans après son décès, comme l’une des pionnières du féminisme en Espagne.
Le 12 avril dernier la reine Letizia d’Espagne a présidé au Congrès des députés à Madrid une cérémonie en hommage à à Clara Campoamor. 1931, date symbolique puisqu’elle coïncide avec les 90 ans de son élection dans la capitale espagnole en tant que députée. Et à l’obtention, en grande partie grâce à elle , du droit de vote pour les femmes dans le pays.
Pour celle qui est née douze ans avant le début du 20ème siècle, tout n’a pas commencé pendant l’entre-deux guerres. Mais plutôt à la mort de son père, alors qu’elle n’est encore qu’une jeune fille. Un coup du sort qui l’oblige très tôt à travailler et provoque une émancipation précoce qui forgera son destin.
Clara Campoamor côtoie une première fois la politique en devenant assistante télégraphique au ministère de l’Intérieur, à l’âge de 21 ans. Lorsque la première guerre mondiale éclate, elle exerce comme professeure de sténographie et de dactylographie au sein du ministère de l’Instruction Publique.
Le droit de vote des femmes, un fait d’armes majeur
C’est après avoir été diplômée en droit en 1924, que Clara Campoamor y entre de plein pied. Après avoir appartenu au groupe socialiste libéral, c’est sous la bannière républicaine qu’elle devient députée en 1931.
Preuve de son combat acharné pour l’égalité des sexes, le 1er octobre de la même année, elle débat contre une autre femme, Victoria Kent. Un duel dont Clara Campoamor sortira vainqueur. Elle devra pourtant attendre les élections de 1933 pour mettre son premier bulletin dans l’urne. Avant de quitter son parti l’année d’après.
Clara Campoamor, une écrivaine exilée devenue icône
En 1935, son livre « Le vote féminin et moi, mon pêché mortel » est publié. Soit un an avant la guerre civile. Lorsque celle-ci éclate, Clara Campoamor décide de s’exiler pendant presque deux décennies en Argentine où elle devient traductrice et biographe. Elle retrouve ensuite l’Europe, plus exactement la Suisse, où elle décédera en 1972. Six ans après, la patrie qu’elle avait dû délaisser rétablira le droit de vote des femmes abandonné sous Franco.
Bien en avance sur son temps, Clara Campoamor a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de l’Espagne. Sa statue trône en bonne place dans deux villes importantes : Madrid (où elle est née) et Séville. Sa sépulture se trouve à Bilbao. Une cité basque qui, depuis 1985 continue indirectement de porter haut l’héritage de cette pionnière puisqu’une association éponyme y est implantée.
En 2011, la sortie du téléfilm « La femme oubliée » a rappelé la place incontournable de Clara Campoamor dans l’histoire de l’Espagne. Espérons que son pays d’origine se serve de 2022, pour lui rendre un nouvel hommage mérité pour les 50 ans de sa disparition.