Béatrice et Aline sont deux soeurs françaises, expatriées à Barcelone depuis 2016. Après avoir lancé une page Instagram de pâtisserie amateur pendant le confinement, elles ont décidé de mettre leur tablier et de se professionnaliser. Répondre aux manques de douceurs françaises des expatriés est devenu leur recette quotidienne avec Othea.
1- Béa, Aline, comment passe t-on d’une page Instagram amateur à une page d’entreprise ?
Aline : Le fait d’avoir autant de temps devant nous, pendant les différents confinements, nous a permis de tester pleins de recettes différentes (rires). Le deuxième avantage, à cette période, était que nous pouvions prendre le temps d’obtenir et d’écouter les retours de nos tout premiers clients. C’est comme faire des beta-tests ! Les retours étaient tellement positifs que cela nous a encouragé à passer le cap de la création d’entreprise. Ce qui, en soi, n’était pas une décision facile.
Béa : Exactement (sourire) ! La motivation nous a été donnée par les personnes qui nous entouraient et qui testaient nos pâtisseries. Le fait d’avoir des ventes et d’avoir des retours-clients sans effort est exaltant. Leur reconnaissance nous motive à aller plus loin dans l’aventure et par extension, à nous révéler. Nous sommes aujourd’hui, beaucoup plus épanouies à pâtisser.
2- Cette communauté cherchait-elle, justement, un savoir faire à la française ? Pourquoi être restées sur de la pâtisserie traditionnelle ?
A : Il est vrai qu’à Barcelone, la communauté française est très importante. Cependant, les pâtisseries françaises sont quasi inexistantes. C’était clairement une opportunité (sourire) ! En plus de cela, la plupart des français expatriés sont des familles, avec cette envie de partager des gâteaux généreux et conviviaux. Plus qu’une dégustation, c’est une vraie expérience qu’ils souhaitent vivre : le fait maison et le partage. Souvent d’ailleurs, nos clients nous disent que nos gâteaux leur rappellent des souvenirs d’enfance. Ce n’est pas rien comme retour ! Par extension, cela nous renvoie nous aussi à notre enfance : lorsque nous pâtissions et cuisinions en famille. Ce n’est pas pour rien qu’on pâtisse entre soeurs, je pense (rires).
B : J’ajouterai que nous cherchons une expérience gustative. À Barcelone, vous ne trouverez pas beaucoup de produits essentiels français. Du coup quand vous n’en mangez plus, vous oubliez le goût. Avec nos gâteaux, nous souhaitons recréer cette expérience. Ce rappel à notre enfance et aux goûts 100% français. C’est pour cela que nous proposons des gâteaux classiques mais aussi, des créations. Et nous allons plus loin dans le concept, en prenant soin de travailler avec des fournisseurs et producteurs locaux. Là encore, parce que nous avions pour habitude d’aller chercher les fruits au potager et les oeufs à la ferme avec notre grand-père. (Tu t’en souviens Aline) ? L’expérience est donc d’un bout à l’autre de la chaine de production.
3- Donc vous ravissez les papilles de vos clients et vous leur offrez de la convivialité ?
A : Oui, clairement (sourire) ! D’ailleurs on a des clients qui, aujourd’hui, nous considèrent comme les pâtissières “officielles” de leur maison. Ils vont même jusqu’à partager avec nous leurs moments de vie : baptêmes, mariage, anniversaire…lls nous envoient des photos WhatsApp (rires). Finalement, on va au delà de la livraison d’un simple gâteau.
B: C’est vrai qu’on est déclarées officiellement comme les pâtissières de leur famille. Ça nous fait vraiment plaisir (sourire) ! Plaisir que nous prenons à leur cuisiner une expérience. Ces clients deviennent ensuite, des clients récurrents et des ambassadeurs de notre travail.
4 – Pourquoi miser sur le partage ? Est-ce que les gens en ont besoin ?
A : Je pense qu’on aura toujours besoin du partage ! Ce qui compte aujourd’hui, ce n’est pas que la vente des gâteaux. C’est un ensemble ! : une expérience, des échanges, du partage, de la gourmandise… Tout cela est important, surtout avec cette crise et lorsque l’on est loin de ses racines. D’ailleurs, les entreprises l’ont bien compris. Nous commençons à répondre aux commandes professionnelles.
B : Le partage, on en a plus que besoin en cette période. Nous étions tous confinés, nous ne communiquions presque plus, nous étions avec des masques, c’était l’horreur ! Donc oui, les gens ont besoin d’interaction et de partage. C’est important. Il faut que nos clients vivent une nouvelle expérience, une nouvelle découverte. Je veux qu’ils voient que nous sommes deux soeurs, ressentent la pâtisserie fait maison, qu’ils comprennent que nous sommes là pour discuter avec eux. D’autant que nous n’avons pas de boutique physique donc, il faut que les gens comprennent notre philosophie.
5- Si vous aviez un conseil à donner à des femmes qui, comme vous, veulent professionnaliser leur passion, que leur diriez-vous ?
B : De croire en elles : s’entourer de personnes positives qui les valorisent. Faire le trie dans son entourage, quand on se lance dans l’aventure de l’entrepreneuriat, est essentiel. Il faut aussi savoir sortir de sa zone de confort pour avancer. Être “touche-à-tout”, pour faire grandir son business, est important. Ça aide à garder l’enthousiasme et la motivation. Nous, nous avons la chance d’être deux et de pouvoir nous motiver.
A : D’avoir confiance en soi : Être épanouie, il n’y a pas mieux dans la vie. Se Lancer et vivre de leur passion, est le mieux à faire. Tant pis si ça ne fonctionne pas. Au moins, elles auront le mérite d’avoir essayé. En tant que femmes, il faut oser se montrer et parler de soi, parler de son business. Osons inverser les tendances et montrer de quoi nous sommes capables.