Il y aurait seulement 17% de femmes cheffes d’entreprise en Espagne, qu’il s’agisse de microentreprises ou de sociétés. Ramenés aux données de la banque mondiale, cela correspondait en 2019 à 3,2% de la population féminine.
Une aberration au vu de la répartition des genres dans le pays : 24 millions de femmes contre 23 millions d’hommes. Alors, comment en est-on arrivé là ?
Trop peu de femmes cheffes d’entreprise : la loi en question
Pour Pauline Leroyer, l’une des raisons de ce faible pourcentage de cheffes d’entreprise reste lié au « manque d’évolution de la loi ». La secrétaire générale de Mujeres Avenir était d’ailleurs présente lors de la rencontre organisée le 21 janvier dernier par l’association.
Ce jour-là, la structure avait demandé une loi sur les quotas en Espagne, pour parvenir à une représentation équilibrée des femmes dans les conseils d’administration et les comités de direction des entreprises.
Le but avoué était de « favoriser et encourager les entreprises à signer des accords avec le ministère de l’Égalité pour arriver à 40% dans les CA et les comités de direction ». À la date de cette revendication, 90 sociétés avaient même apposé leur signature.
1,3 % seulement de femmes PDG
Selon Ana Bujaldón, les femmes ne seraient actuellement que « 31% à occuper des postes aux conseils d’administration des entreprises de l’Ibex 35 », l’indice boursier de la bourse de Madrid.
Mais, ajoute la présidente de la Fédération espagnole des femmes dirigeantes, cadres et entrepreneures, « 1,3% seulement exerceraient le poste de présidente-directrice-générale ». Soit 4% de moins que la moyenne mondiale !
L’autre grand problème concernerait la « féminisation des secteurs ». Le domaine technologique ne comprenant que 20% de femmes contre 49% à la science et l’ingénierie, et 70% pour le sanitaire.
Pour expliquer ce manque de représentativité, Ana Bujaldón avance, comme Pauline Leroyer, le fameux « plafond de verre » auquel les femmes doivent se confronter. Sans oublier, ce « pouvoir entre les mains des hommes depuis toujours, et une culture entrepreneuriale masculinisée ».
136 années de plus pour parvenir à une égalité femmes-hommes
Un argument qu’elle lie à un exemple en particulier : la garde d’enfants. Forcément privilégiée par les femmes dans un pays où « perdure la culture des réunions sans fin, en dehors des heures de travail, et le réseautage qui inclut dîners et matches de foot ».
« Dans son dernier rapport », note Ana Bujaldón, « le Forum économique mondial observe qu’il faudra encore 136 ans pour parvenir à une égalité dans le monde ».
Consciente des progrès à réaliser en la matière, l’Espagne a depuis 2019 effectué un bond de géant sur le statut des femmes et notamment des femmes cheffes d’entreprise. Comme avec le congé paternité. Un premier pas qui en appelle d’autres…